répertoire d’objets | CINQ QUESTIONS AVEC LE TENON ET LA MORTAISE

Pour le Répertoire d’objets, je vais plus loin que le simple catalogue. Le savoir-faire des artisans m’intéresse et me passionne. J’ai envie de leur poser des questions, de fouiner, d’élaborer un peu. De façon simple et concise, je vous ferai découvrir différents créateurs dans cette série 5 questions avec. Voici Le tenon et la mortaise.

J’adore faire de la route… encore plus lorsqu’elle me mène jusqu’au Kamouraska. Cette région du Bas-St-Laurent semble me murmurer de me rapprocher d’elle… la tentation est forte avec ces paysages, ce fleuve, ces artisans et ces villages magnifiques et vivants. J’y vais aussi souvent que ma vie folle et imprévisible me le permet.

 

En juillet, un contrat photo m’a donné l’occasion de me rendre à St-André-de-Kamouraska. J’avais précédemment croisé Caroline et Benoît, propriétaires ébénistes de Le tenon et la mortaise, mais je n’avais pas vu leurs objets ni visité leur atelier. Cette fois, je les rejoignais chez eux, pour photographier leur environnement, leurs produits et faire leur portrait.

 

Leur petit bébé tout neuf et plutôt sage nous tenait compagnie. Les Cabourons étaient derrière nous, le fleuve devant. L’odeur du bois, les planches pâles aux murs de leur atelier et leur vieille maison rénovée me plaisaient beaucoup. Ils ont du goût et du talent, en plus d’être beaux et généreux.

Sur leur site, on peut lire que leur amour de l’ébénisterie artisanale les pousse à transformer le bois massif en objets et meubles modernes, raffinés et utilitaires afin de répondre aux besoins des amoureux du design autour d’eux. Ça sonne comme de la poésie à mes oreilles.

 

Q – L’atelier de Le tenon et la mortaise est installé depuis près d’un an à Saint-André-de-Kamouraska. Je crois que vous avez étudié à l’École du nationale meuble de Montréal… Qu’est-ce qui vous a mené au Bas-St-Laurent? Est-ce que ça vous complique les choses de vivre loin de la ville?

R – Nous nous sommes rencontrés à l‘École d’ébénisterie d’art de Montréal, qui est en fait associée aux différentes écoles de métiers d’art du Cégep du Vieux-Montréal. Après le cours de 3 ans, on cherchait une maison en campagne ayant une foule de possibilités pour partir notre atelier, et puis on est tombé en amour avec le Kamouraska. Il y a ici un goût pour le travail artisanal, les gens n’hésitent pas à consommer local, et il y a un très bon achalandage touristique. On a trouvé aussi une maison avec un grand terrain et un atelier à un prix abordable, ce qui aurait été impossible en ville. Ici, on fait parti d’une petite communauté, mais dans laquelle il est plus facile de se démarquer. Et puisqu’on vend sur internet et à travers des boutiques, l’éloignement ne constitue pas du tout un inconvénient. Par contre, il est plus compliqué et dispendieux de s’approvisionner en bois et autres fournitures. Il faut dire aussi qu’on aimerait participer plus souvent aux marchés et salons de design en ville…

Q – Pourquoi êtes-vous devenus ébénistes?

R – On cherchait au départ un métier dans lequel on pourrait s’épanouir tant au niveau manuel et concret que créatif et abstrait. Le choix de travailler à notre compte nous apporte la liberté de gérer notre temps, de choisir nos projets et que la famille reste au centre de nos préoccupations. À la fin de la journée, il n’y a rien comme le sentiment de fierté d’avoir avancé ou terminé un projet sur lequel on a travaillé de la conception à la finition!

 

Q – Vous êtes un couple au travail et dans la vie. Avez-vous chacun des rôles bien définis ou pas du tout? Quel sont les bons côtés et les défis de travailler à deux?

R – Je peux facilement dire que chacun de nous ne ferait pas ça tout seul! Il y a des choses sur lesquelles on travaille toujours ensemble comme le design et la planification de fabrication. Pour le reste, on a chacun nos forces et on a trouvé un bel équilibre la-dedans. Le plus grand défi de travailler ensemble et d’être un couple est de laisser la shop dans la shop! Être deux apporte son lot de confrontations, mais ça permet d’aller vraiment plus loin au niveau esthétique et technique.

Q – Votre nom est beau et drôle à la fois. Vous ne semblez pas trop vous prendre au sérieux. Je suis curieuse de connaître vos projets, vos rêves les plus fous.

R – Pour la petite histoire, le tenon et la mortaise est un assemblage classique en ébénisterie dans lequel une partie mâle est insérée dans une partie femelle. On a trouvé notre nom de façon très spontanée! Il représentait parfaitement le fait qu’on travaille de façon artisanale et qu’on est un couple. C’est difficile de répondre à cette question parce qu’on a déjà l’impression de vivre notre rêve! On a toujours des nouvelles idées de produits et projets en plus de planifier l’ouverture d’une boutique pour l’été prochain. Mais au final, notre plus grand rêve, qui n’est pas si fou, c’est de se faire une vie à notre goût, dans laquelle il y a de la place pour l’entreprise, oui, mais aussi pour la famille, les amis, les voyages et le jardin.

Q – Enfin, j’aimerais connaître 5 des personnes, lieux ou objets qui vous inspirent et/ou vous influencent le plus actuellement.

R – Au niveau de notre travail, on s’inspire beaucoup du mobilier scandinave tant dans l’esthétique que dans la philosophie. Nous aimons beaucoup les lignes pures et le design simple qui permet de mettre de l’avant la fonction de l’objet. De façon plus générale, notre environnement géographique est toujours tellement inspirant: les vieilles maisons, leurs couleurs, le côté cru et honnête des bâtiments et meubles anciens québécois. Il y a aussi la céramique, que j’ai (Caroline) commencé à explorer pour le plaisir, qui m’inspire beaucoup. Il y a tellement de créatrices talentueuses et innovatrices au Québec qui explore ce médium comme GoyeAppolonie ou MC Girard. Au niveau personnel, nous nous devons de mentionner nos voisins d’en face, Jean et Julien Verret de l’Atelier V Cuir, qui sont artisans maroquiniers de père en fils. C’est tellement précieux d’avoir près de soi des modèles de succès dans le milieu des métiers d’art; nos partages et collaborations nous apportent beaucoup depuis notre implantation dans le Kamouraska. C’est bon d’être bien entourés!

Répertoire d’objets (Cinq questions avec) est une série visant à accumuler et créer un catalogue d’objets d’ici et d’ailleurs, créés avec goût et savoir-faire. Je vise à remplir mon camion virtuel de toutes ces choses qui rendent la vie plus belle sans l’encombrer, qui sont durables, utiles, originales, bien conçues. Je tenais autrefois un blogue (sur blogspot!!) qui répertoriait plein de trouvailles et d’objets d’artisans et de créateurs. Comme c’était populaire et que ça me manque, je recommence. Il y a tant de belles choses à découvrir.